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L’ouvrage est l'aboutissement des réflexions de l’auteur sur les expériences observées voire conduites par lui pour le développement rural en maints pays tropicaux.
Ce développement doit être,selon Lebret, celui de «tout l'homme et de tous les hommes». Jacques Arrignon en est bien persuadé et, non seulement son chapitre VII : « L'Homme » insiste heureusement sur un facteur essentiel, trop souvent négligé des manuels techniques voire économiques, mais encore la préoccupation de l'homme est omniprésente dans les autres chapitres et, bien sûr, dans ses conclusions.
J'interprète le fait que Jacques Arrignon m'ait demandé de rédiger cette préface comme une volonté d'atteindre, au-delà de la sphère des spécialistes, l'ensemble de ceux qui ont à intervenir dans la gestion de notre environnement, dans I'«Économie» au sens qu'Aristote, père des sciences biologiques et sociales, donnait à ce mot.
Gérer l'environnement suppose qu'on en connaisse les mécanismes. L'économie est une écologie appliquée. Les Physiocrates pensaient que l'Économie devait être respectueuse de l'ordre naturel. Les économistes après Adam Smith ont voulu voir dans l'enrichissement le critère de l'efficacité économique : pour eux, tout est marchandise et le marché en fixe la valeur.Les conséquences d'une telle déviation sont aujourd'hui évidentes : l'avenir de l'homme dans la Société marchande est sombre, celui de son environnement également.
Les échecs comme les succès des politiques de développement nous enseignent que si l'«homme prédateur» met en péril l'avenir de l'espèce comme celui de l'environnement, l'«homme producteur», né de la première «révolution verte», peut assurer sa survie. Depuis cette révolution verte, la population du globe a été multipliée par 5000 et la civilisation a fait d'indéniables progrès. Notre planète est encore en friche ; la nature apparaît assez généreuse pour bien nourrir les populations prévisibles si elle n'est, sans doute, pas assez prodigue pour permettre à de trop nombreux prédateurs de s'enrichir et de gaspiller les richesses communes.
Il y a plus d'un demi-siècle, sur la base des connaissances alors acquises nous pouvions déjà l'affirmer ; l'ouvrage de Jacques Arrignon nous permet de conclure qu'une agro-économie authentique dispose, par les progrès de l'agro-écologie, des moyens de développement suffisants même dans les zones arides et sub-humides les plus vulnérables. Encore faut-il ne point trop tarder à mettre fin aux gaspillages et aux déprédations des «hommes prédateurs».
C'est pourquoi il est bon que ce livre ait été écrit et il est souhaitable que le plus grand nombre des décideurs et de tous ceux d'entre les hommes qui peuvent influer sur leurs décisions le lisent et le méditent.
Il y va de la survie de notre espèce sur son vaisseau spatial : laTerre.
(Extrait de la préface de Michel CEPEDE).
Ancien Président indépendant du Conseil de la F.A.O. (1969-1973)
Membre de l'Académie d'Agriculture de France (Président 1986)
Membre de l'Académie des Sciences d'outremer